Dana

N°48 — 2025-10-19 — Auteur: Le Dagda

Dana, ou Danu, c’est la grande Mère des dieux celtes,
la source d’où tout jaillit la fertilité, la sagesse, la magie et la vie elle-même. C’est d’elle que viennent les Tuatha Dé Danann, littéralement « les tribus de la déesse Dana », ce peuple mythique d’êtres lumineux, druides et magiciens qui ont façonné l’Irlande mythologique. Autrement dit, sans Dana, pas de dieux celtes : elle en est la matrice originelle.

Mais la figure de Dana est aussi aussi fluide que l’eau qu’elle incarne. Selon les régions et les époques, elle change de visage, de nom, parfois même de nature. Tantôt grande déesse nourricière, tantôt souveraine de la connaissance, elle règne sur la fertilité, l’abondance et les cycles de la vie. On dit même qu’elle a allaité les dieux, leur offrant à la fois la nourriture et la sagesse.
Les linguistes et les mythologues la traquent jusque dans les profondeurs du temps. Son nom semble lié à des racines très anciennes associées aux rivières et à l’eau vive, ce qui en ferait l’une des plus vieilles divinités indo-européennes connues. Certains y voient même un écho du mot indo-iranien d?nu, signifiant fleuve ou eau, présent jusque dans le nom du Danube. Ainsi, Dana ne serait pas seulement la mère des dieux irlandais, mais une déesse pan-européenne, dont le culte se serait propagé d’est en ouest, des plaines de l’Inde jusqu’aux côtes atlantiques.
Déesse de l’eau, donc, mais pas seulement : Dana est aussi gardienne du savoir et de la magie druidique. On la représente parfois comme une bandrúi, une femme druide aux pouvoirs immenses, capable d’enseigner les arcanes du monde invisible. Sous ses traits, la sagesse et la maternité ne s’opposent pas : elles se complètent. L’eau qu’elle verse est à la fois celle de la vie et celle de la connaissance.
Cela dit, la recherche moderne n’est pas unanime. Certains linguistes estiment que Dana pourrait être une reconstruction tardive, une figure hypothétique née du besoin de retrouver une « grande déesse » originelle. D’autres jugent les rapprochements avec la Danu hindoue séduisants mais erronés : les similitudes de nom ne suffisent pas à prouver un lien réel entre les panthéons.

Quoi qu’il en soit, Dana demeure un symbole puissant de la féminité cosmique :
• Elle nourrit, comme la terre et les rivières.
• Elle enseigne, comme une druidesse sage.
• Elle relie, comme un courant qui unit les mondes.

Mystérieuse, insaisissable et pourtant omniprésente, Dana est l’eau qui coule sous la mythologie celtique, la source d’où naissent les dieux, les peuples et les légendes.
Et si les Celtes l’appelaient Mère, c’est peut-être parce qu’ils sentaient, en chaque goutte de pluie, un peu de sa présence.

Venus dame à capuche
Venus dame à capuche-Musee archeologie nationale Saint-Germain-en-Laye. Photo de Jean-Gilles-Berizzi